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Thibaut Vauchel-Camus et Quentin Vlamynck (Solidaires en Peloton), vainqueurs de la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre en catégorie Ocean Fifty (avant jury)

Jeudi à 20 h 07 locale (vendredi 1 h 07 heure de Paris), Thibaut Vauchel-Camus et Quentin Vlamynck ont franchi en première position la ligne d’arrivée en baie de Fort-de-France de la 16ème édition de la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre. Le temps de course de Solidaires en Peloton est de 11 jours, 11 heures, 22 minutes et 27 secondes. Il a effectué les 4500 milles du parcours entre Le Havre et Fort-de-France, via Lorient à la vitesse de 16,34 noeuds sur l’orthodromie (route directe). Il a en réalité parcouru 5432 milles à la vitesse moyenne de 19,73 noeuds (sur l’eau).

Elle ne leur a pas échappé, et elle est amplement méritée. Ce jeudi, dans les premières heures nocturnes d’une courte journée antillaise marquée par le passage de copieux grains, Thibaut Vauchel-Camus et Quentin Vlamynck peuvent lever les bras au ciel. Et s’accorder, sous des trombes d'eau, cette chaleureuse accolade pour saluer cette victoire signée à deux, portant l’éclat d’un succès construit mille après mille, à bord d’un multicoque de 15,24 mètres au comportement volage. Après la dernière Route du Rhum en solitaire marquée par des déconvenues - un chavirage pour Thibaut, une victoire échappant à Quentin pour 18 minutes - cette Route du café consacre - en double -, le talent de deux marins. Deux co-skippers qui se sont trouvés pour faire parler ensemble leur capacité à braver l’océan et à dompter leur trimaran au comportement exigeant.

 

FIDÈLES AU POSTE DE LEADER

Leur association, nourrie par leur objectif partagé de faire parler leur expérience du circuit des Ocean Fifty, s’est formée comme une évidence quand le le premier a racheté, en juin dernier, le bateau que le second connaissait déjà par cœur pour en avoir participé à la construction et l’avoir skippé pendant deux ans. Elle repose sur des valeurs d’échange et de transmission entre l’une des plus fines lames de la course au large, réputée pour son toucher de barre, et un jeune talentueux technicien à l’avenir prometteur.

Thibaut, 45 ans, malouin-guadeloupéen qui a le multicoque dans la peau, et Quentin, landais de 32 ans, riche d’une dizaine d’années d’apprentissage aux côtés de Lalou Roucayrol, ont fait honneur à leur rang de favoris dans cette catégorie pourtant malmenée par la descente du golfe de Gascogne.

Les deux complices du bateau aux couleurs de la lutte contre la sclérose en plaques n’ont pas fait dans la demi-mesure. Mieux, après avoir terminé en tête le premier tronçon de la course, mise entre parenthèses à Lorient pour laisser passer un cortège de tempêtes, ils restent fidèles au poste de leader sur l’ensemble de la course en direction de Fort-de-France. D’entrée de jeu, ils tiennent bon, passant entre les gouttes et les foudres du golfe de Gascogne qui n’épargne pas la flotte des Ocean Fifty, puisque la moitié de ses six duos sera contrainte de jeter l’éponge.

Mais la route est encore longue, et le sans-faute se poursuit de plus belle aux détours du parcours via le Cap Vert. En tête devant leurs deux poursuivants qui s’accrochent, ils ne cèdent rien dans cette course à quatre mains qui porte la signature de deux skippers solidement et solidairement accrochés en pole position pendant 5 432 milles entre Le Havre et Fort-de-France. De la belle ouvrage au terme d’une Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre dont ils comptent parmi les grands animateurs.

 

Trempés jusqu’aux os ! Le public a eu un petit aperçu de ce qu’est un grain antillais et des dernières heures de course que Thibaut et Quentin ont vécu avant de franchir la ligne en vainqueurs. Après une première réaction au ponton, c’est en salle de presse et au sec que se poursuivait l’entretien avec un binôme heureux de tenir entre ses mains la victoire qui leur avait tous deux échappés entre Saint-Malo et Pointe à Pitre il ya tout juste un an.

 

Thibaut : « C’est humide (rires !) mais c’est surtout un sentiment d’un job bien fait avec un bon bateau et un bon binôme. Et après toute cette cavalcade de ces dernières années durant lesquelles on courait après, et enfin, elle est là cette victoire. Le plus dur, ce n’était pas la course, c’est tout ce qu’il a fallu faire et refaire avant. Elle est bonne forcément !

C’était tellement fluide, tellement simple… On était à l’aise. Quentin connaît tellement bien le bateau. C’est un bateau qui a fait ses preuves. On avait aucune appréhension à tenir la cadence. Au départ de la 2è manche - d’ailleurs c’est bizarre de le dire pour la Transat Jacques Vabre ! -, le point clé, c’était le premier grain à Groix quand on réduit la toile et qu’on abat pour aller chercher une position plus dans le sud. Primonial nous a accompagnés, il nous a même devancés à un moment donné. Malheureusement, il a abandonné et il n’est pas là. De perdre trois concurrents sérieux cela nous a peu simplifié les choses, même si ce n’est pas pour dire que les rescapés n’étaient pas sérieux parce quand on navigue sur ces bateaux là, il ne faut présager rien. Le jeu est toujours très ouvert. C’est vrai qu’il y a une frustration sportive de ne pas avoir eu plus d’adversaires. Malheureusement, les machines n’ont pas permis d’être plus nombreux. Aujourd’hui, on est plus dans la préoccupation que nos concurrents amis puissent gérer des dossiers techniques assez compliqués pour être à nouveau avec nous la saison prochaine avec des bateaux performants pour une belle saison sportive. »

Quentin : « Il y a eu du match. On est content d’être là. On n’a rien lâché jusqu’au bout de la ligne… C’est une belle récompense du travail qu’on a fait. En avant saison, on a démâté deux fois le bateau pour régler des problèmes. Toute l’équipe de Thibaut a beaucoup travaillé, et s’est donné les moyens d’investir dans un nouveau bateau pour aller chercher les premières places. Je suis content que cela le fasse, sinon j’aurais été énervé ! Mais arriver ici avec de l’avance, cela reste un engagement. Il a fallu tenir le rythme. Cela m’a permis d’apprendre d’autres choses au niveau des réglages, d’augmenter la job list pour Thibaut cet hiver ! C’est dommage forcément, pour ceux qui ont cassé. Mais cela reste du composite, et ça se répare. Cela fait longtemps qu’il n’y avait pas eu de casse dans la classe. Cela va donner du travail pour tout le monde, et cela permettra de repartir l’année prochaine avec plus de bateaux sur l’eau. Le jeu dans la classe est beau, on l’a vu au départ du Havre. »

Thibaut : « Avec du recul, gagner une transat en multicoque, c’est pas rien. Là, aujourd’hui, on l’a fait, j’en prends la mesure et je suis très très content. Ce qui très particulier avec notre sport, c’est qu’avant de partir, n fait un village de 10 jours. On nous demande de tout faire sauf ce pour quoi on est là, de la voile. Sortir de l’ambiance de village et s’attaquer à une dépression automnale sur l’Atlantique Nord à froid, ça fait bizarre. J’ai pris cette première manche comme un warm-up avant de sauter dans le grain bain et ça m’a été plutôt bénéfique.

Quentin : "On est fatigués car on a eu beaucoup de mal à dormir les derniers jours. Il y avait des gros grains, il faisait très chaud et il fallait faire attention. L’erreur peut vite arriver même quand tu es loin devant et il fallait tenir du rythme sur nos bateaux qui peuvent être sensibles.

Je suis fier d’avoir réalisé tout ça avec Thibaut cette année, avec son team et le nôtre dans le Médoc. Voir que le bateau qu’on a pensé et réfléchi avec Romaric (Neyhousser) Lalou et Fabienne (Roucayrol) soit aussi performant, c’est une grande satisfaction. C’était beaucoup de travail et maintenant, on va pouvoir savourer. La Route du Rhum n’était pas juste une chance, je me sens bien à bord de ces bateaux. L’expérience est là elle est acquise, on ne pourra pas me l’enlever. Avoir navigué avec Thibaut pendant plus de 10 jours, c’était top, ça s’est très bien passé entre nous. J’ai appris plein de choses qui me serviront sur de nouveaux projets."